Sébastien était technicien de maintenance sur un site industriel. Il a 35 ans, travaille depuis 15 ans dans la boite, il connait bien son métier et comment fonctionne l’entreprise.

Son supérieur hiérarchique Pierre, vu que c’est un bon technicien, lui propose de prendre le poste de responsable d’équipe étant donné qu’il se débrouille bien et que Pierre aimerait avoir un seul interlocuteur pour faire passer des messages à son équipe de maintenance.

Sébastien est en poste depuis 6 mois et ….ça ne fonctionne pas ! Sébastien est épuisé et le directeur du site remet en cause le choix du responsable maintenance car il mesure des retards dans la production dus à des problématiques liées à la maintenance.

Alors que s’est-il passé pour en arriver là ?

Souvent, dans une logique de carrière, afin de récompenser des années d’ancienneté réussies, on permet à une personne capable de prendre des responsabilités et donc de manager une équipe. Parfois ça fonctionne et parfois c’est le début d’une crise…

Alors avant d’aller plus loin, revenons sur le « qui fait quoi ? »

Que fait un technicien ?

Le technicien a un métier opérationnel. Quel que soit le secteur d’activité, le technicien applique des procédures, utilise des outils pour produire un bien ou un service. Il se base sur un référentiel métier

Que fait un manager ?

Le manager est le lien principal entre la direction et les différents collaborateurs. Il est le responsable de la productivité de ses équipes et du résultat final. Il doit savoir communiquer, motiver, de créer du lien, de trancher, d’entraîner son équipe et donc son entreprise vers la réussite.

Un manager n’est donc pas un super technicien !!

Pour un technicien, devenir manager, c’est donc changer de rapport à son métier, à son équipe, aux autres équipes et développer des compétences qui ne sont pas systématiquement « fournies » avec le bagage technique.

Avoir un héritage technique quand on accède à un poste de manager dans une équipe peut être précieux et cela pour différentes raisons :

• La légitimité vis-à-vis de son équipe mais aussi de sa hiérarchie : on sait de quoi on parle. Cela va avoir des effets bénéfiques sur la confiance en soi du manager et dans sa considération.
• La maitrise des enjeux de l’entreprise, par exemple en cas de situation de crise cela va permettre de bien orienter ses décisions

D’ailleurs certaines entreprises proposent à des futurs responsables de services d’expérimenter plusieurs mois dans des métiers opérationnels avant de prendre un poste d’encadrement

Si la connaissance de la « technique » ou du métier des équipes est importante, n’oublions pas que les tâches qui incombent au manager ne sont pas identiques à celui du technicien. Le management est un métier à part entière !! ce ne sont pas des qualités techniques qui vont permettre de faire progresser son équipe mais plutôt des capacités relationnelles, d’écoute, d’encouragements, de challenge, etc.

Même si la maitrise de la technique pour un manager peut être un plus, la maîtrise du métier technique peut également empêcher l’émergence de la posture managériale. En effet, pour certains la technique peut devenir une valeur refuge. Il sera alors plus difficile de sortir de sa zone de confort plutôt que de se risquer dans l’inconnu (qui peut faire donc peur) du management. C’est d’ailleurs à ce moment précis que l’on peut constater chez le manager une posture d’anti-management qui consisterait à bloquer les montées en compétence des personnes de son équipe susceptibles de remettre en cause sa légitimité au poste.

Pour répondre à notre question initiale « Est-ce qu’un « bon » technicien peut faire un « bon » manager ? », la réponse est oui mais ce n’est pas la maitrise de la technique n’est pas l’unique critère qui entre en jeu. Nous l’avons bien vu dans l’histoire de Sébastien, la technique ne suffit pas. Il est nécessaire d’acquérir des compétences propres au management pour devenir un bon manager.

La connaissance du métier technique est une porte d’entrée indispensable à une prise de leadership mais cela ne dispensera jamais de développer des compétences nouvelles propres au management. En effet, piloter l’activité, organiser et planifier l’activité des équipes, faire grandir ses collaborateurs, effectuer le reporting de son activité, collaborer avec le réseau de partenaires internes et externes…., ça s’apprend et c’est un véritable métier !

Auteur de l’article : Corinne SABADEL